HISTOIRE

« Monsieur ! Monsieur ! Vos enfants sont venus au monde, ce sont deux filles en pleine forme !
– Excellent, vraiment excellent. »

Nées trois ans après le début de la guerre, lorsque celle-ci venait d’atteindre son paroxysme, Aphrodisia et Alruna ont eu la chance de naître dans une famille noble franco-japonaise. Aphrodisia est la cadette du duo, née un quart d’heure après sa sœur. Mais si naître au sein de la famille Pandemonium les a préservées des horreurs de l’extérieur, c’est entre les murs de leur maison qu’elles ont appris à connaître le mal.

Comme partout dans le monde, le christianisme avait pris une petite place en Asie et donc au Japon également. Mais il avait également emmené avec lui sa face cachée : le satanisme. Et ce fut dans ce milieu que grandirent les jumelles. Leur père, Morgan Pandemonium, était le dirigeant de cette secte nommée ‘’ Les enfants de l’ombre ‘’, si les filles furent épargnées les trois premières années de leur vie, bien rapidement elles durent suivre les doctrines de la secte. Si, en temps normal, le satanisme ne représentait pas un danger pour la société, les dérives n’étaient pas si rares et ce fut malheureusement ce qui arriva.

Devenir un enfant de l’ombre vous condamnait à l’être jusqu’à votre dernier souffle. Une fidélité absolue envers Satan et tout ce que le prince de ce monde pouvait offrir, aucune trahison ne serait acceptée. Si vous trahissiez, le prix à payer était tout simplement votre vie. Voilà comment, furent élevée les filles, à être de parfaite petite adoratrices du malin,, le tout agrémenté de sacrifices et abus rituels, de sexe et de magie noire, des choses que des enfants n’auraient jamais dû voir. Et toutes ses choses étaient dissimulées derrière de belles apparences en société, des beaux sourires, de beaux vêtements, des affaires florissantes malgré le chaos qui frappait le pays depuis des années et deux jeunes filles talentueuses promises à un avenir brillant, ayant démontré des talents dans la musique et la danse classique. Oui, la famille Pandemonium était parfaite.

Du moins, jusqu’à une nuit ou les deux fillettes furent arrachées leur lit, docile, elle furent emmenée dans les sous-sols du manoir familial et trouvèrent leur mère entravée et baillonnée sur l’hôtel rituel, vêtue uniquement d’une longue chemise blanche immaculée. Malgré son jeune âge, Aphrodisia comprit immédiatement qu’il allait se passer quelque chose de grave ce jour-là.

« Mes très chers frères et sœurs, s’exclama le maître, si je vous ai convoqué ce soir, c’est parce que j’ai une triste nouvelle à vous annoncer. Ma femme, celle que je pensais incroyable de me trahir s’est montée adultère envers moi, à tel point que j’élève une enfant qui n’est pas la mienne, vous rendez-vous compte ? »

Les jumelles s’adressèrent un regard en coin, se questionnant silencieusement et mutuellement sur ce que venait de dire leur père. Elever un enfant qui n’était pas le sien ? Elles étaient jumelles, comment cela était-il possible ? Mais elles ne comprendraient que bien plus tard ce qu’il voulait dire.

« Vous savez ce qu’il arrive aux traîtres, n’est-ce pas ? Mais une piqûre de rappel ne peut qu’être bénéfique à tous. »

Un sourire froid et sadique accroché aux lèvres directement adressé aux jumelles, il s’approcha de la captive et invita les deux fillettes à le rejoindre. Docilement, comme on le leur avait enseigné, elles s’approchèrent jusqu’à se retrouver à moins d’un mètre de leur mère dont le visage était souillé par les larmes et dans son regard on pouvait y lire toute la terreur qui l’animait à ce moment-là. Alruna tendit une main vers leur mère, mais alors que ses doigts frôlèrent le front de la femme, une gerbe de sang s’échappa de sa bouche comme un aérosole, souillant les fascies des enfants. Aphrodisia observa le visage de sa mère avant de lever les yeux vers son père qui la poignardait avec une frénésie malsaine, ses yeux ne parvenaient pas à se détacher de la lame qui pénétrait et quittait le corps de la malheureuse.

Elle ne sut exactement combien de temps cela dura, mais cela lui parut être une éternité avant que tout ne cesse et qu’un silence glaçant ne s’abatte sur l’assemblée. Aphrodisia était figée, comme hypnotisée par le corps sans vie mais pourtant encore chaud de celle qui fut sa mère. Elle sentit à peine la grande main de celui qui venait de tuer froidement sa femme se poser sur son épaule.

« Les filles, allez donc dire au revoir à votre mère. »

Si Alruna resta tétanisée par ce qu’elle venait de voir, Aphrodisa s’approcha du corps, n’écoutant pas le discours dans lequel son père s’était lancé à grande pompe, et embrassa la joue du cadavre avant de laper le sang encore tiède qui s’y trouvait. Ce simple geste, aussi répugnant soit-il, était le premier signe de la naissance de ce qui deviendrait un monstre plus tard.

Après cette nuit tragique, les années s’écoulèrent et les feux de la guerre moururent. Un nouvel ordre politique fut établi et la famille Pandemonium s’établit dans le royaume bleu. Poursuivant leur vie de bourges, les filles recevaient des cours à domicile et se perfectionnaient dans leurs domaines respectifs. Tout en étant également initiées aux rites et dogmes du satanisme pour honorer au mieux Satan. Personne ne posa de question sur la disparition de la mère de famille, après tout, en ces temps troublés qui avaient été les leurs, un incident était si vite arrivé. Ainsi, Morgan ne fut jamais inquiété. Ce qui était devenu inquiétant en revanche, c’était le comportement des jumelles, surtout Aphrodisia qui depuis la nuit de l’assassinat avait développé une passion morbide pour la mort, la chair et le sang. Mais regarder lors des réunions auxquelles elles participaient de manière de plus en plus fréquente, ce n’était plus suffisant, elle en voulait plus, tellement plus. Et ce fut à l’âge de quatorze ans qu’elle atteignit le point de non-retour.

« Aphrodisia, tu es si belle, haleta le jeune homme au creux de son oreille, tu es la plus belle chose que j’ai vu de ma vie.
– Chose ? »

Ce fut les derniers mots de ce type qu’elle avait piégé avec son beau visage et un uniforme de collégienne qu’elle avait commandé sur internet. La bouche plaquée contre sa gorge tranchée, elle se délecta de son sang avant d’attaquer la chair, Aphrodisia venait de commencer sa carrière de tueuse en série. Le lendemain matin on ne retrouva qu’un corps déchiqueté dans une ruelle crasseuse et ce ne fut que le premier d’une longue série. Mais ce qui marqua réellement un tournant dans sa vie lors de cette période, ce fut une nuit en particulier.

Comme tous les soirs, ils avaient pris le repas en famille avant que les filles rejoignent leur chambre. Mais Aphrodisia se mit rapidement à se sentir mal, elle peinait à rassembler ses pensées et le monde autour d’elle lui semblait constamment plongé dans un brouillard épais qui étouffait les sons. Elle se rappela avoir été emportée hors de sa chambre, dévêtue et déposée contre quelque chose de froid. La suite ne fut qu’un amas de morceaux de souvenirs, une cacophonie de prières et un poids sur elle. Mais surtout une douleur intense et un sentiment de perte de contrôle, puis, plus rien. Sauf qu’en se réveillant, quelque chose lui parut étrange, elle ne dormait pourtant jamais la lumière allumée et pourquoi se trouvait-elle au sous-sol ?

Des applaudissements attirèrent son attention et elle posa les yeux sur son père qui affichait une mine ravie au possible. Sa sœur à côté observait l’homme silencieusement, mais avec un regard froid, presque meurtrier, comme si elle s’apprêtait à le poignarder à tout moment.

« Oh ma chérie, je suis si heureux, notre seigneur s’est montré généreux avec nous ! Il t’a fait un précieux cadeau, tâche de lui en être reconnaissante !
– Un… cadeau… ? »

Maladroitement, elle se remit sur ses pieds, complètement nue, du sang tachant l’intérieur de ses cuisses et voulut avancer, mais elle marcha sur quelque chose de visqueux qui lui fit porter son regard sur le sol. Celui-ci était entièrement recouvert par le sang et jonché de cadavres, de viscères. Que s’était-il passé ? C’était elle qui avait fait cela ? Face à l’incompréhension de l'adolescente qu’elle était, Morgan pointa un doigt dans une direction derrière elle pour lui montrer. Aphrodisia put alors découvrir des bêtes noires comme la nuit et aux yeux rouges, des démons semblant sortir tout droit de l’enfer lui-même.

« Tu es une Obscura, ma très chère enfant. »

Les années passèrent à nouveau, Aphrodisia ne fut, définitivement, plus jamais la même. Même physiquement, elle avait changé, sa peau était devenue si pâle qu’elle ressemblait réellement à de la porcelaine et elle devint désintéressée des autres, de la vie, tout ce qui comptait encore, c’était ses passions, sa sœur, le sang, la chair et la mort. Le pouvoir avait brûlé ce qu’il restait de ses ailes déjà calcinées par tout ce qu’elle avait vu et fait depuis l’enfance. Les disparitions mystérieuses du royaume bleu n’avaient pas cessé, seulement, impossible d’avoir une piste, tout était toujours trop brutal, trop animal, sans parler qu’il n’y avait aucune cohérence, aucun motif, c’était tué pour tuer. Un être humain ne pouvait pas faire quelque chose comme cela, pas vrai ? Seul un démon en était capable, mais ce que les gens avaient tendance à oublier, c’était que l’humain était ce qui se rapprochait le plus de l’image du mal.

Et puis, musicienne célèbre pour son talent, son univers obscure, sa pseudo fragilité et sa beauté anormale, personne ne pouvait la soupçonner. Une fille ne pouvait pas faire quelque chose d’aussi horrible, les filles n’étaient pas des tueuses sanguinaires. Et pourtant, le nombre de ses victimes était si important qu’elle-même ne pouvait s’en souvenir, de toute façon, ces gens n’avaient aucune valeur à ses yeux, de simples morceaux de viande. Malgré tout cela, en dehors de sa soeur, Aphrodisia se sentait seule, persuadée que personne ne pouvait la comprendre. Du moins, jusqu’à ce qu’elle prenne connaissance des événements survenus durant le festival du vent, elle en avait vu d'autres comme elle, elle n’était pas seule. Peut-être qu’eux pouvaient comprendre ce qu’elle ressentait, comment elle se sentait après cette nuit où elle était réellement devenue une enfant de l’ombre qui ne répondait plus qu’à ses désirs et qui se lassait de ce monde qui la condamnerait si son sombre secret était découvert.

« Qui êtes-vous et où êtes-vous ? Je veux vous rencontrer… »

— 𝐀𝐔𝐓𝐑𝐄𝐒
Elle est fan d’anime et de manga, elle en a toute une collection.
Elle a une ‘’ poupée ‘’ vivante dans sa chambre, c’est un de ses familiers qui l'habite, elle lui sert d’animal de compagnie en quelque sorte.
Elle peut assez facilement devenir obsédée par quelqu’un qui lui plait un minimum ( ce n’est pas une bonne chose ).